Nulle part où aller

Il y a quelques mois encore nous errions dans la rue nous raconte Ekaterina 30 ans.
C’est au Centre d’Accueil de Nochlechka que nous la rencontrons, Ekaterina nous raconte son parcours chaotique. Il y a peu Zhenya et moi survivions dans des abris de fortune. Zhenya est mon deuxième mari.

Une telle colère
L’hiver est une période particulièrement rude. Nous subsistions grâce à quelques petits boulots au noir, jamais je n’ai eu le courage de faire la manche. L’argent était rare, la nourriture réduite au minimum vital.
Parfois, vous marchez dans la rue pendant des heures, et vous n’avez rien, et vous ressentez une telle colère en vous.

Infirmière à la rue
Tout a commencé à ma sortie de l’orphelinat, j’avais 17 ans. Je ne sais pas pourquoi ma mère m’a abandonnée, peut-être qu’où elle habitait ils ne lui ont pas permis d’y vivre avec l’enfant ?
Très vite après ma sortie de l’institution j’ai obtenu de l’Etat une chambre. Je me suis plongée dans les études d’infirmière. Diplôme en poche j’ai fêté mes vingt ans.
J’ai travaillé deux ans et j’ai aussi rencontré mon premier mari. Une catastrophe. Il buvait beaucoup, il a vendu mon appartement, j’ai tout perdu, je me suis retrouvée à la rue.

Un univers effrayant
La pire chose dans la rue est le sentiment qu’il n’y a nulle part où aller. J’avais aussi très peur d’’être agressée par des hommes. Comment peut se défendre une femme seule ? C’était effrayant.
J’ai beaucoup pensé au suicide. Il arrivait que je ne mange pas pendant plusieurs jours. Mais j’ai commencé à prier. Vous vous asseyez, vous vous calmez. Tu souffres, tu pries et cela passe.
Mon deuxième mari vient de Tcheliabinsk. Je l’ai rencontré dans la rue. Ensemble il est beaucoup plus facile de résister. Parfois, je n’en peux plus mais Zhenya est là, il me soutient, me dit quelques mots, me donne l’énergie de continuer à survivre.

Les animaux sont mieux traités
Nous avons essayé d’être hébergés dans les dortoirs de l’Etat mais ils n’acceptent que les hommes, il n’y a pas, ou si peu, d’espaces réservés pour les femmes. On traite mieux les animaux que les sans-abris.
En janvier je me suis cassé la jambe en descendant du trolleybus. Quelqu’un en a profité de voler mes documents d’identité.
Comment se faire soigner sans papier ?

Une vie normale
C’est à ce moment que Zhenya a pensé à Nochlechka. Là ils nous ont bien accueillis, on y vit et on attend que mes documents soient restaurés, cela prend du temps, bientôt sept mois.
Notre désir est de trouver un travail stable, pas au noir, un appartement, avoir un bébé. Une vie normale, comme tout le monde. Que je puisse à nouveau être infirmière, aider les autres.

Merci de soutenir Nochlechka, vous sauvez des vies

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