On crève de faim

Sous le régime de Vladimir Poutine on a le ventre creux. C’est en résumé le quotidien de Nadège que nous avons rencontrée lors de la distribution de vivre du Bus de Nuit.
Nadège nous raconte comment sa faible pension ne lui permet pas de se nourrir décemment une fois le loyer et les nombreux frais médicaux acquittés.

Le communisme prenait soin des nécessiteux
Lorsqu’en 1991, mes jambes sont devenues feignantes j’ai été trouvé l’agence social pour le handicap. C’est que ma pension est minime, 8’000 roubles. Généreusement ils m’ont alloué 1’000 roubles de plus. Aujourd’hui, avec un peu plus de 9’000 roubles (150.00 francs), je dois payer 5’000 roubles en médicaments, pour ma colonne vertébrale et mes problèmes cardiaques.
C’est que les médecins prescrivent des médicaments qui ne sont pas remboursés par la sécurité sociale, ou plutôt cette sécurité ne rembourse presque rien.
Il est loin le temps de l’entraide sociale de l’URSS ajoute Nadège en soupirant.

Des jours sans repas
Et une fois le loyer payé  il ne me reste presque plus rien. Avant de connaître le Bus de Nuit et sa distribution de vivre, il y avait des jours où je me passais de manger.
Quel genre de pays est-ce celui-ci qui laisse les gens crever de faim ? Nous ne sommes pas en guerre.
Oh ce ne fut pas facile de se rendre à la distribution de vivre. Vous comprenez, on a sa fierté. On se dit que l’on n’est pas comme ces miséreux à qui on a même quitté leur identité.
Aux abords du bus j’ai rencontré des gens qui m’ont dit : “Venez, ne soyez pas embarrassée”. Je me suis d’abord postée sur le côté, j’ai regardé de près, j’ai compris qu’il y a beaucoup de gens qui, comme moi, ont un minuscule logement et une pension insignifiante, ou tout simplement pas assez pour subsister.

Plus facile de survivre
Avec la visite quotidienne du bus je peux enfin avoir un repas chaud par jour et puis aussi rencontrer un soutien psychologique, parler avec les gens. Le conducteur, Igor, s’intéresse à tous, il est très humain.
Parfois il y a même des distributions d’habits, des pantalons, des chaussures et des sous-vêtements.
Venir jusqu’ici est difficile à cause de ma jambe mais lorsqu’elle refusera de me porter, je me trainerai, je tomberai, je me relèverai, j’irai. Autrement, seule dans ma chambre, je crèverai.

Avant c’était mieux
J’ai des amis, des camarades de classe. Mais je ne leur demanderai jamais de l’aide. Maintenant, c’est si difficile pour tout le monde. Je ne peux pas et ne veux pas être une charge.
Je n’ai jamais bu d’alcool. J’ai aimé étudier. Dans ma jeunesse, j’ai été ingénieur.
Avant, vous savez, les temps étaient plus simples. Non seulement parce que c’était moins cher mais il y avait plus de simplicité, de solidarité. Les gens s’aidaient davantage.

Merci de soutenir le Bus de Nuit. Au mois d’août il a secouru 638 personnes, distribués 3’741 repas.

 

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