Double peine

Le saviez-vous, en Russie le condamné ayant purgé sa peine est souvent relâché sans aucun papier d’identité.
Ils représentent le 10% de cette population dénuée d’existence administrative, plus de 60’000 personnes rien qu’à Saint-Pétersbourg.
Drôle de façon pour l’administration de ce pays de faciliter la réinsertion. C’est le cas d’Andreï que nous avons rencontré chez Nochlechka.

Andrei, 42 ans, ancien voleur, sans-papier sans-abri
Je suis né à Leningrad en 1976, et oui on ne l’appelait pas encore Saint-Pétersbourg. Je n’ai vraiment pas eu une enfance heureuse, pas seulement parce que nous étions dans le besoin mais surtout mes parents se battaient tout le temps jusqu’à ce que mon père un jour disparaisse pour de bon.
J’étais heureux de me rendre à l’école, pour le moins j’apprenais et surtout il n’y avait ni cris, ni coups.

La prison comme tout horizon
Ce n’est peut-être pas une excuse mais le milieu dans lequel j’ai vécu ne m’a guère inspiré et très vite j’ai commencé à voler, voler, voler jusqu’à ce que je me fasse attraper et condamner.
Une litanie longue de plus de vingt ans.
Mais le pire, c’est lorsque j’ai incendié la maisonnette de ma mère. Lorsqu’elle décéda j’étais derrière les barreaux, cependant j’aurai dû hériter du bien maternel. Mais non, grâce à quelques magouilles administratives, c’est un autre qui en est devenu propriétaire.
Cela m’a foutu en pétard et à peine je fus libéré, je m’y suis rendu et l’ai incendiée. Retour en prison.
Il a y cinq ans j’ai été libéré, libre mais sans aucun papier, sans rien.
J’ai vécu dans le quartier Nevsky pendant plusieurs années dans des sous-sols, dans des greniers, dans des cages d’ascenseur, n’importe où. J’ai beaucoup bu pour supporter, pour oublier.

La rue c’est angoissant
Dans la rue c’est effrayant. Vous ne savez rien, peut-être que vous chantez, peut-être que vous ne mangez pas, peut-être que vous allez mourir. Vous ne savez pas ce qui vous attend. Vous survivez dans un quotidien indéfini.
J’ai eu un accident vasculaire cérébral. Et ils m’ont mis à l’hôpital Botekin. Ils ont informé Nochlechka de ma présence qui est venu me chercher une fois mon urgence soignée.
A mon arrivée à Nochlechka je ne pouvais même pas marcher. Mon côté gauche du corps était complètement engourdi. Je ne sentais ni les bras ni les jambes.

L’espoir
A Nochlechka, ils m’ont soigné. Regarde-moi, regarde ce qui s’est passé !
Andreï me montre fièrement qu’il a retrouvé l’usage de sa mobilité.
Il espère que bientôt les juristes de l’ONG lui retrouveront son identité administrative, qu’il pourra, enfin, connaître un autre aspect de l’existence.
Comme Andreï nous le dit : Je sais beaucoup de choses. Je peux tout faire dans un jardin, autour de la maison. Mais aussi je suis fraiseur, je suis tourneur. Je sais même comment fabriquer des filets de pêche.

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