Les temps qui court

Trouver un abri contre les attaques du froid est un impératif vital.
Une obsession quotidienne pour le sans-papier sans-abri. Une voiture abandonnée, une construction en cours, une bâtisse en ruine, pas question d’être difficile.
Ces lieux en déshérences les oubliés de la société les appellent zabroshek.

Inimaginable de survivre ici
On les déniche en périphérie de la ville, tel celui que nous avons visité le long de la voie ferrée.
A demi recouvert d’un monceau de neige une impressionnante colline d’ordures entache le décor, la moitié de ces détritus sont de provenance humaine. Une porte agonisante au sol sert d’entrée, sur un mur galeux, une publicité en piètre état vente les bienfait d’un centre de désintoxication pour alcooliques et toxicomanes. Le sol du premier étage est défoncé, une couche de neige grisâtre de saleté recouvre une bonne partie du sol.
Il semble inimaginable de survivre ici. Pour joindre le deuxième des escaliers fissurés et branlants. On y découvre les « chambres » où des vieux matelas jonchent le sol.
Malgré nos doudounes il fait froid. Dans le couloir, un four de fortune construit de planches vermoulues est éteint. Au-dessus, un pantalon essayait de sécher.
On imagine le soir venu les habitants du lieux se recroqueviller autour de cette espoir  de chaleur.

L’abri de la dernière chance
Là aussi des tas d’ordure envahisse la vue. Des déchets abandonnés volontairement car ils permettent de cacher de précieux objets. Et en cas d’attaque ils peuvent servir de barrage.
Ici il y a des gens qui jamais ne quittent le squat, invalides, malades, drogués. Ils y meurent aussi.
Où sont-ils ? On ne les voit pas, mais ils sont là, cachés, dans l’attente que nous les importuns déguerpissions.
Une porte détruite laisse échapper une vision de « confort » incongrue en ce lieu si misérablement abandonné. Des rideaux aux fenêtres, un lit recouvert d’une couverture propre, un miroir accroché au mur, un fauteuil décati.
Le squatteur des lieux à n’en pas douter a de la ressource et nous rappelle que nombre d’entre eux sont très travailleurs, tout spécialement dans le recyclage.

Avant de partir, nous avons mis sur la table de nuit quelques cigarettes et 50 roubles, histoire d’acquitter le prix de notre visite alors que nous n’étions pas invités.