25-06-16 Zakia l’apatride

ZakiaLe parcours chaotique de Zakia résume celui des anciens citoyens de l’URSS.

 

Elle est née en 1985 en Ossétie du Sud à Tskhinvali.

 

En 1991, juste après l’indépendance de la Géorgie, Zakia, son père et l’une de ses nombreuses conquêtes féminines quittent la région.

Départ pour Saint-Pétersbourg dans l’espoir d’y trouver un meilleur avenir.

 

Zakia nous raconte qu’elle se rappelle qu’ils n’avaient aucun résidence fixe et qu’ils se logeaient au grès des rencontres du paternel. J’étais nourrie et habillée grâce à la bonté des gens.

 

A 20 ans j’ai quitté mon père.

 

 

Sois tu payes, sois tu pleure

J’ai accouché d’une prématurée, Sonia, à 26 semaines, aux urgences, seul lieu possible lorsque l’on n’a pas de Propiska. Sonia pesait 1,8 kilo.

 

Ils l’ont mise dans une couveuse et me demandaient 900’000 roubles (13’350 francs).

Soit je payais, soit je ne revoyais plus ma fille m’a dit le personnel de l’hôpital en ajoutant que les larmes c’était gratuite.

 

Mais payer avec quoi ! Je n’avais bien évidemment pas d’assurance. Sans-papiers impossible d’en acquérir une.

 

Je me suis retrouvée à Nochlezhka, ses juristes m’ont appuyée, ils m’ont enregistrée, m’ont inscrite au système de santé.

A l’hôpital ils ont longuement hésité à me rendre l’enfant.

 

Je travaillais au noir comme caissière. Mes employeurs, des connaissances, m’avaient engagée au risque et au péril d’un contrôle de la police.

 

Naissance d’une sans-papier

Ma fille est restée deux mois en couveuse, elle était chétive, moche. Je n’arrêtais pas de pleurer, j’avais peur.

 

J’ai été prise en charge par Parental Bridge, ils m’ont aidée à m’habituer à l’enfant, à l’aimer.

Ils ont aussi permis que mon enfant puisse recevoir un certificat de naissance. Car normalement si la mère n’a pas de papier, le nouveau-né n’existe pas.

 

En 2008, toujours grâce aux juristes de Nochlezhka je reçois la nationalité russe.

 

En 2014 j’ai enfin eu une chambre à louer. Mais malgré les 5’000 roubles (74 francs) que je paye à l’Etat, cette chambre ruisselle d’humidité, n’a pas d’eau chaude.

 

Je suis seule avec Sonia et parfois j’ai de la peine à croire qu’il existe des familles unies, heureuses.